Les derniers travaux à notre portée sur ce sujet nous donnent, parmi d’autres, des indications assez précises et nous permettent de nous poser quelques questions.
L’évangile gnostique de Philippe et la Pistyis Sophia écrit gnostique du III° siècle transmis par Jésus douze ans après sa résurrection, pour le principal, l’évangile de Thomas et d’autres documents pour de moindres raisons contribuent à conduire le chercheur vers les considérations suivantes.
L’évangile de Philippe recense cinq rituels initiatiques ou sacrements, dans l’ordre : le baptême, le chrisme, l’eucharistie, la rédemption et la chambre nuptiale.
Le Sacrement le plus élevé n’est pas détaillé, il reste donc un mystère, mais l’onction ou chrisme fait un christ de chaque être qui le reçoit.
Dans la tradition tantrique, certains parfums et certaines huiles s’appliquent sur une partie spécifique du corps. Le Nard s’applique ainsi sur les cheveux et les pieds. Or, c’est de Nard pur que Marie Madeleine oint les pieds de Jésus.
Le prix du Nard était tel qu’on a calculé que la quantité employée alors revenait à une année d’un salaire moyen. Une simple prostituée n’aurait vraisemblablement pas eu ces moyens ni ce désir.
Le lien semble important entre l’onction de Jésus et le Cantique des Cantiques, beaucoup de savants voient dans ce texte la liturgie d’un mariage sacré et font le rapprochement avec des liturgies d’Egypte et du Moyen Orient.
Dans l’Epopée de Gilgamesh, on dit aux rois sacrificiels : - la prostituée qui vous a oint avec une huile parfumée, maintenant vous pleure. Dans les mystères de Tamuz pratiqués à Jérusalem au temps de Jésus, Ishtar, la grande prostituée oint son époux Tamuz, elle en fait un christ. Ce rituel prépare sa descente aux enfers d’où il reviendra à l’invocation de sa déesse. Celle ci ou sa prêtresse, la grande prostituée, pratiquait un rite sexuel particulier qui transportait l’époux dans le continuum de la connaissance visionnaire. C’était un rituel de passage duquel il revenait transfiguré.
Selon des textes non reconnus par l’Eglise, Jésus appelait la magdaléenne « l’Apôtre des Apôtres », et « la femme qui connaît le Tout ». Ils nous rapportent des scènes entre eux d’une grande intimité. Les Apôtres n’aimaient guère Marie Madeleine au point de chercher à l’éloigner mais Jésus n’accéda jamais à leur désir.
L’évangile gnostique de Philippe qui présente la Magdaléenne comme la partenaire de Jésus évoque l’Illumination ultime symbolisée par les fruits de l’union de la fiancée et du promis. Jésus est le promis, Sophia la fiancée et le fruit de leur union la Gnose. En outre, cet évangile associe clairement Marie Madeleine et la Sophia. Dans les canoniques, le terme de « promis » est utilisé par Jésus, lui même, pour se désigner.
Jésus dit que Marie Madeleine l’a oint en préparation de son ensevelissement. Dans les mystères de Tamuz, les hommes n’ont pas la possibilité de participer à ce rite. Or, aucun homme ne participa à la préparation de Jésus, mais Marie Madeleine et ses suivantes.
Dans la Pistis Sophia, la Magdaléenne est présentée dans un rôle de catéchiste, elle interroge Jésus afin de mettre en lumière sa sagesse de la même façon que la Shakti questionne rituellement son époux divin. Dans ce texte également, Jésus évoque Marie Madeleine par le terme qui désigne les déesses indiennes : chère bien aimée.
Selon les écrits gnostiques, la Magdaléenne n’eut pas besoin du feu de la Pentecôte, c’est elle qui rassembla les disciples manifestement hésitants, après la crucifixion et les incita à poursuivre l’œuvre.
Se rendant au sépulcre avec ses suivantes, Marie Madeleine échange quelques propos avec le « jardinier ». Ces propos prennent un sens particulier si elle était prêtresse informée des mystères, seule en effet, la prêtresse pouvait annoncer l’apogée du sacrifice du Roi, sa résurrection miraculeuse.
Marie Madeleine était elle la personnification multiforme du principe féminin, Sophia, prostituée sacrée, chère bien aimée du mariage sacré, vierge noire ou Isis ?
Jésus a t’il pris part à un mariage sacré ou à des rites voisins ou associés ?
Pierre et les autres disciples n’étaient ils membres que d’un second cercle autour de Jésus, le premier étant réservé à des personnes moins ou pas connues