Les Rois Mages et les trois voies spirituelles
On se souvient des trois rois mages que la Tradition nomme Balthasar, Melchior et Gaspard qui offrent respectivement la myrrhe, l’or et l’encens à l’enfant Dieu qui vient de naître. Les trois mages représentent les pouvoirs du monde s’agenouillant devant celui qui les réunis tous, devant celui qui est le pouvoir suprême, le Roi de l’Univers. Ainsi la myrrhe représente le pouvoir spirituel et le pouvoir spirituel (prophétique) et est relié à l’Impératrice, la troisième lame du Tarot. L’or est le pouvoir temporel, relié à l’Empereur, quatrième lame du Tarot. L’encens est le pouvoir temporel relié à la cinquième lame du Tarot, le Pape.
On retrouve dans ces trois présents, les trois grandes voies spirituelles : Prophétique, Chevaleresque et Sacerdotale.
La première inclus les spiritualités de la Terre, les religions de l’Âme du Monde comme le chamanisme et les religions panthéistes. C’est la voie de la sensualité, de la transe, de la danse, de l’art, de la musique et de la fusion dans la trame spirituelle du monde. Reliée à l’Impératrice, cette voie a souvent comme patron, une figure féminine. Parce qu’elle est reliée à l’Âme du Monde qui fourmille de Vie et de potentiel, cette voie est la moins ordonnée, la moins dogmatique, la plus bigarrée. Explosion de couleurs, de dieux, d’énergies et d’esprits, les tenants de cette voie utilisent leur connaissance du monde invisible, intermédiaire entre le Ciel et la Terre pour se hisser vers le Royaume car ils agissent en coopérateur avec le monde invisible. Au son sein, on trouvera des pratiques de magie et de divination, de transe et de possession. Vu de l’extérieur, cette voie peut faire peur : chamanes bön, vaudou, candomblé, hoodoo, santeria ou tantrisme indien autant de noms étranges qui agiront comme un répulsif sur ceux dont la conscience est trop instable. Fourmillant de forme et cherchant l’Unité dans la diversité, la voie de la myrrhe pourrait être assimilée à la voie de la Beauté.
La deuxième est la voie de la spiritualité éthique, du combat, de la droiture et de l’action. Ces le chemin de ceux qui respectent le code de l’honneur le plus élevé. On la retrouve chez ceux qui dédient ou sacrifie leur vie pour la défense de leurs prochains. Les samouraïs suivaient cette voie, les ordres chevaleresques également. Certains aujourd’hui la suivent encore : membres d’organisations chevaleresques, sportifs faisant de leur art une voie de développement spirituelle, forces d’élites au service de la défense des plus faibles, de la justice et de la liberté, ainsi que ceux qui n’ont pas pris les armes mais qui se dévouent corps et âme, pour leurs frères et soeurs au sein d’organisations de secours allant parfois jusqu’à le payer de leur vie dans les pays à risques. Ceux qui suivent cette voie s’imposent une discipline de vie et un code éthique strict. Ce faisant, ils disciplinent leur âme, éliminent les scories, affinent leur esprit et leur caractère comme le tranchant d’une lame. Peu à peu, ils vont transformer leurs ombres en lumière, leur plomb intérieur en or, et ce faisant vont se mettre en étant de recevoir la Grâce. La voie de l’or est la voie de la Force.
La troisième voie est celle de l’adoration et du service religieux. C’est la voie des prêtres, moines et lamas des religions traditionnelles. La voie de l’encens implique l’étude des textes sacrés, des théologiens, la recherche de la gnose ou l’expression rituelique. Son socle est la prière qui s’élève comme les volutes de l’encens vers le Ciel. La voie du Pape est la voie de la théurgie, la voie du dogme qui sert de balise sur le chemin vers le Royaume. Comme l’encens est une résine qu’on brûle, les suivants de cette voie se brûlent et s’anéantissent en Dieu, mourant à eux-mêmes pour renaître à l’état de transfigurés.
Aujourd’hui, en ce temps de rencontres, de liberté et d’accélération du temps, les trois voies se mêlent parfois car on a l’opportunité de toucher à tout. Certains se construisent alors des voies personnelles faites d’encens, de myrrhe et d’or en proportions variées. Ce n’est pas un mal si l’on peut le faire en éviter un syncrétisme affadissant car l’humanité a toujours eu tout à gagner du métissage et tout à perdre du cloisonnement.
Néanmoins, souvenons-nous toujours des trois Rois Mages, des trois voies s’inclinant devant le Maître de toutes : Christ, Dieu Incarné. On me dira que le Christ est absent de certaines religions qui s’inscrivent pourtant dans les voies précitées. Exact. Du moins le Christ historique, car le Christ Cosmique, Lumière des lumières est partout présent même si une religion ne le nomme pas ou ne reconnaît pas son aspect historique.
C’est ce que Jésus voulait dire par : « Je suis le chemin et la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n'est par moi. » (Jean 14 ; 6). Trop souvent prise pour l’affirmation d’un exclusivisme absurde, cette phrase signifie simplement qu’au dessus de toutes les expressions, au dessus de toutes les voies, de toutes les couleurs, se tient l’Etre Suprême, Maître de l’Univers et présent en chacune d’entre elles quelque soit la manière dont on le représente.
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