Un jour, alors que j'étais à ma première année du secondaire, j'ai vu un gars de ma classe marcher pour retourner chez lui après l'école.
Il s’appelait Etienne.
Il était chargé, il semblait transporter tous, mais vraiment tous ses livres.
Je me suis dit :
« Qui peut bien ramener tous ses livres chez lui, un vendredi ? Quel idiot ! »
J'avais un week-end très chargé avec mes amis. Donc, je haussai les épaules et continuai mon chemin.
Tout en marchant, j'ai vu une bande de jeunes courir vers Etienne.
Ils l'ont rejoint, lui ont fait tomber tous ses livres. Ils lui ont fait perdre l'équilibre et Etienne est tombé dans la boue, perdant ses lunettes.
Ces dernières sont tombées à environ 3 mètres de lui.
Etienne s'est relevé tranquillement et j'ai pu voir la terrible tristesse dans ses yeux.
Témoin de la scène, j'ai senti mon cœur se serrer et j'avais un nœud dans la gorge. J’ai donc couru le rejoindre.
Il cherchait ses lunettes et j'ai vu une larme couler sur sa joue.
J'ai ramassé ses lunettes et lui ai dit :
« Ces gars là sont vraiment des cons de la pire espèce. Ils devraient être punis pour ce qu'ils ont fait. »
Il m'a regardé et m'a dit : « Ah, merci ! »
Il avait un large sourire sur les lèvres.
C'était un de ces sourires qui vous montrent de la gratitude sincère. Je l'ai aidé à ramasser ses livres et je lui ai demandé où il habitait. Je me suis rendu compte qu'on habitait sur la même rue.
Alors, je lui ai demandé pourquoi je ne l'avais jamais vu avant :
« C'est parce qu'avant j'allais dans une école privée. »
Auparavant, je n'aurais jamais accepté de parler avec quelqu'un qui fréquente l'école privée.
Nous avons discuté sur tout le chemin du retour à la maison et j'ai transporté quelques uns de ses livres.
Je me suis rendu compte qu'il était vraiment gentil.
Je l'ai invité à venir jouer au foot avec mes amis le lendemain et il a accepté. Nous avons donc passé le week-end ensemble.
Plus j'apprenais à le connaître, plus je l'appréciais et mes amis aussi apprirent à l'aimer.
Le lundi matin, sur le chemin de l'école, j'ai aperçu Etienne, encore une fois avec tous ses livres en main.
Je l'ai rejoint et lui ai demandé : « Waw, tu vas te faire des super muscles à transporter tous tes livres comme ça chaque jour ! »
Il m'a sourit et m'a donné la moitié de ses livres.
Après 4 ans, Etienne et moi sommes devenu les meilleurs amis du monde.
En fin de cycle secondaire, on planifiait nos études universitaires.
Etienne se dirigeait pour des études de médecine et moi, pour du sport-étude en football.
Etienne était la « tête » de la classe et moi je passais mon temps à le traiter de bouffon ! Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans mon ami.
Pour la remise des diplômes, il avait préparé un « speech ».
Il était un de ceux qui s'étaient trouvés et affirmés pendant le secondaire.
Il avait pris sa place et donnait bonne impression, il semblait épanoui.
Il avait maintenant plus de rendez-vous que moi avec les filles. Elles l'aimaient et j’étais un peu jaloux !
Aujourd'hui, il était très nerveux d'avoir à faire ce « speech ».
Je lui ai donné une tape d'encouragement dans le dos et lui ai dit :
« Hé, le grand, tu vas être parfait ! »
Il m'a regardé et m'a lancé un de ces regards (vraiment sincère)
et m'a dit : « Merci ! »
Il a commencé son discours, s'est arrêté pour s'éclaircir la voix, puis a lancé :
« La remise des diplômes est un moment important pour remercier ceux qui vous ont aidé à passer au travers de durs moments, vos parents, vos professeurs, peut être votre entraîneur, mais plus particulièrement vos amis. Je suis ici pour vous dire qu’être l'ami de quelqu'un, c'est de lui donner le plus beau des cadeaux.
Je vais vous raconter une histoire à ce sujet. »
J'ai regardé Etienne avec stupéfaction lorsqu'il raconta la première journée où on s'est connu.
Il avait planifié de se suicider ce week-end là.
Il raconta qu'il avait vidé son casier pour éviter à sa mère d'avoir à le faire. C’est pour ça qu’il trimballait tous ces livres ! Je ne m’en suis jamais douté !
Il m'a regardé droit dans les yeux et m'a sourit.
« Merci de m'avoir sauvé!, mon ami m'a protégé et empêché de faire une énorme bêtise ! »
La foule avait le souffle coupé.
Tout le monde est resté bouche bée lorsque Etienne, le gars le plus beau et le plus populaire de l'école, a raconté ses souvenirs les plus tristes.
J'ai aperçu ses parents en train de me regarder avec ce même sourire de gratitude qu’Etienne avait.
C'est à ce moment que j'ai réalisé toute la tristesse qu'il avait ce jour où l'on s'est rencontré.
Ce n'était pas seulement à cause des jeunes malfaiteurs !
Ne sous-estimez jamais le pouvoir de vos actions.
Avec un petit geste, vous pouvez changer l'existence de quelqu'un, pour le meilleur ou pour le pire. Nous n'avons pas toujours conscience du bien que nous pouvons faire par une simple attention, une seule parole positive...
Ce sont parfois les choses les plus simples qui produisent les plus grands effets !
Auteur inconnu